Écouter les paroles d’un centre communautaire abandonné

Montréal regorge d’édifices abandonnés, surtout dans les anciens quartiers industriels. J’en ai visité un aujourd’hui avec ma soeur, l’ancien Centre communautaire des noirs, dans la Petite-Bourgogne. Il ne semble pas y avoir beaucoup d’informations à son sujet sur Internet, malheureusement. Pourtant, ce qu’il en reste regorge d’histoire et de vie!

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Dès notre entrée dans l’édifice, l’état des lieux est frappant. Le plancher poussiéreux et brisé un peu partout, les tapisseries déchirées, les fenêtres brisées, mais surtout, le silence. Un silence de mort, celle du centre communautaire. La plupart des salles n’ont pas été complètement vidées, quelques tables et chaises ont été laissées ici et là, des livres, mais aussi des objets de plus grande envergure tels que deux pianos.

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Le centre, haut de quatres étages et un sous-sol, comportait plusieurs salles de spectacle avec scènes. Au troisième étage se trouve un gymnase. Les cerceaux de deux paniers de basketball y sont encore présents, toujours invitant à y lancer un ballon. Le plancher a gonflé en plusieurs endroits, de longues bosses le montrent très bien. Attention où vous mettez les pieds!

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Le sous-sol est sans aucun doute l’endroit le plus troublant. On y distingue clairement une salle commune, avec plusieurs chaises, tables, et même une table de ping-pong repliée.

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Quelques petites pièces sont rattachées à cette grande salle, une a particulièrement attiré mon attention. Des livres, des livres, encore des livres! Des tablettes pleines d’encyclopédies, de vieux livres qui trainent un peu partout. Tant de savoir et de connaissance qu’on a abandonné là. Sur la troisième photo ci-dessous, le livre Graphics Programming in C date de 1988, selon Amazon.

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Avec la pauvreté et l’itinérance, l’abandon des bâtiments est un aspect que Montréal n’aime pas trop montrer. Une politique en matière d’inoccupation des édifices est légitime et nécessaire! Ces bâtiments ne demandent rien de mieux qu’à avoir une nouvelle vie, que ce soit comme simples abris, comme centres communautaires, comme services publics, amenez-en des idées! Si un édifice n’est plus occupé par son propriétaire, il devrait être redonné automatiquement à la collectivité. Rappelez-vous le tristement célèbre Squat Préfontaine, sur la rue Rachel à l’été 2001, ou encore l’occupation récente d’une ancienne manufacture par le Centre social autogéré de Pointe-Saint-Charles. Des individus, des familles, des organismes ont besoin de ces édifices.

Je conclus ce billet en vous invitant à lire un texte que Nathalie Petrowski (La Presse) a écrit quelque part après l’éviction du Squat par la police de Montréal. Vous pouvez aussi visionner le documentaire filmé dans les murs du Squat, vous y verrez une toute autre réalité que ce que les médias de masse vous ont montré.

Vingt heures d’auto-gestion dans Pointe-Saint-Charles

Puisque je vous ai parlé du Centre social autogéré (CSA) de Pointe-Saint-Charles dans mon précédent billet, je me rappelle que, oh quelle coincidence, je n’ai toujours pas publié le photo-reportage de l’éviction.

Il était une fois, en mai dernier, un CSA plein de gens motivés qui décida de s’installer dans une manufacture de chandelles abandonnée, sur la rue Saint-Patrick. Le propriétaire, apprenant la nouvelle, demanda à la police de vider la place. Ce qu’elle fit le lendemain, d’une façon assez violente, avant même de lire l’avis d’éviction, d’ailleurs. Les membres du CSA envoyèrent un message via Internet pour demander du renfort, mais comme Pointe-Saint-Charles ce n’est pas la porte d’à côté, j’ai manqué le gros de l’action.

Une promenade dans les rues du quartier commença. La Fanfare anarchiste s’occupait de l’ambiance, tandis que les policiers gardaient quelques yeux sur le groupe.

Ça ressemblait à une simple manifestations qui allait se finir dans un parc ou à une station de métro… mais non, SURPRISE! Le CSA avait prévu un plan B. Le travail reprit donc de plus belle dans un autre bâtiment abandonné…

… mais pas pour longtemps.

Au bout d’un moment rempli de courtoisie policière et de mots d’amour de la part des manifestant(e)s, la marche reprit jusqu’à la station de métro Lasalle, où un retour sur les deux journées et un petit discours d’on-se-reverra-au-prochain-épisode furent prononcés.

La manufacture, huit mois après l’occupation

Il y a environ huit mois, le Centre social autogéré (CSA) de Pointe-Saint-Charles s’installait dans une manufacture de chandelles abandonnée. Une vingtaine d’heures plus tard, la police, par une intervention d’une rare violence, évinçait les membres du CSA et les retournait à la rue.

Huit mois ont passé, la manufacture est toujours au point où elle en était. Abandonnée, inutilisée. Sur le terrain, pas de traces du projet de condos qui doit remplacer la manufacture (et dont les citoyen(ne)s ne veulent absolument pas).