L’affaire Jennifer Pawluck ou la criminalisation du rapport d’un fait

Diffuser une photo d’une « oeuvre » tierce qui s’avère être une menace de mort est aussi un crime. C’est ce qui ressort de l’arrestation aujourd’hui de Jennifer Pawluck, qui a photographié, puis diffusé sur Instagram, un graffiti représentant le commandant aux relations du SPVM, Ian Lafrenière, atteint d’une balle dans la tête.

L’affaire Jennifer Pawluck fait du bruit car pour beaucoup, moi compris, le fait de rapporter visuellement la présence de l’oeuvre en question sans l’accompagner d’un appui à la menace représentée n’est pas un crime, mais plutôt le simple rapport d’un fait. Comme le journalisme. D’ailleurs, dans son article sur le sujet, La Presse reprend la photo! Du côté du droit, l’avocate criminaliste Véronique Robert est claire: la jurisprudence parle en faveur du mandat d’arrestation, pour peu que la poursuite prouve l’intention de Mme Pawluck dans son geste.

Fait établi, donc: rendre état d’un fait peut être un crime. Pente glissante. Méchamment glissante.

Je conclus ce bref billet avec une question qui peut sembler loufoque mais que je me pose sérieusement. Puisque décrire l’image en mots permet de se la recréer dans notre tête, est-ce à dire que la seule voie acceptable juridiquement est de taire le fait?

La suite des choses parlera beaucoup. On aura des notes à prendre, qu’on soit journaliste, photographe, vidéaste, professionnel(le) ou citoyen(ne). Et on a intérêt à ne pas manquer d’encre.

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